Histoire de la Compagnie Néerlandaise des Indes orientales, Coromandel

Histoire de la VOC
(Verenigde Oostindische Companie)

Vers la fin du XVIe siècle, les armateurs et négociants des Provinces-Unies ressentirent la nécessité de s’organiser pour développer et sécuriser leur commerce avec l’Orient. Ils étaient en effet entrés depuis 1580 et l’accession au trône du Portugal de Philippe II, roi d’une Espagne en guerre avec les Provinces-Unies, en compétition directe avec l’empire portugais, principale puissance maritime de l’époque. Ils cherchaient de plus de nouveaux débouchés pour leurs produits manufacturés.


Histoire de la Compagnie Néerlandaise des Indes orientales, Coromandel

Origines de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales

C’est dans cette optique que fut fondée à Amsterdam au tout début du XVIIe siècle, sous l’égide de Johan van Oldenbarnevelt, la Compagnie Unie pour le commerce des Indes orientales (Verenigde Oostindische Companie, VOC). Une charte de 1602 conférée par les Etats généraux donna à la société le monopole de la navigation et du commerce entre les Provinces-Unies et les pays situés à l’est du Cap de Bonne-Espérance. Sa création vise à éviter les querelles internes entre les différentes villes néerlandaises (la VOC étant organisée en six chambres sises à Amsterdam, Delft, Rotterdam, Hoorn, Enkhuizen et Middelbourg) et à organiser la lutte avec les Portugais pour la maîtrise des routes commerciales vers les Indes orientales.

Compagnie Néerlandaise des Indes orientales, Amsterdam
Compagnie Néerlandaise des Indes orientales, Amsterdam

Elle chercha pour se faire à établir des agences commerciales permanentes en Asie. Cherchant un point stratégique pour organiser son commerce dans la région, la compagnie s’installa à Java où les Anglais étaient déjà présents et établit en 1610, un fortin à Batavia, sur les ruines de la cité de Jayakarta.


Le commerce d’Inde en Inde

Si les Hollandais fondèrent leur prospérité sur les épices des Moluques, ils s’intéressèrent très vite au commerce régional dit d’Inde en Inde. Dans une lettre aux directeurs de la Compagnie à Amsterdam, Jan Pieterszoon Coen directeur en Asie et premier gouverneur général des Indes néerlandaises, réputé par ailleurs pour sa cruauté, expliqua ainsi dès 1619 : « Les textiles de Gujarat doivent être échangés contre du poivre et de l’or sur les côtes de Sumatra ; le poivre de Banten contre des couronnes et des textiles… Les biens chinois et l’or contre du bois de Santal, du poivre et des couronnes. On peut trouver au Japon l’argent pour obtenir les biens chinois ; les textiles des côtes de Coromandel pour les échanger contre des épices, d’autres marchandises et des pièces de huit ; des pièces de huit depuis l’Arabie contre des épices et d’autres petits produits, nous assurant que chaque achat compense l’autre, et que tout ceci est réalisé par nos navires sans argent néerlandais. »

Prise de Cochin par la VOC, Malabar
Comptoir de Hooghly, Compagnie Néerlandaise des Indes orientales, Bengale

C’est dans cette optique et aussi pour se débarrasser de la menace portugaise que les Néerlandais firent la conquête des comptoirs portugais sur la côte de Malabar (voir ci-dessus, la prise de Cochin par les Hollandais en 1656) afin de sécuriser leur conquête de l’île de Ceylan tandis qu’au Bengale ils établissaient très tôt vers 1615 des postes de traite comme celui de Hooghly que l’on peut voir représenté ci-dessus afin de commercer les cotonnades (via Pipely, capitale du Bengale néerlandais).


Le Coromandel néerlandais

L’histoire sur la côte de Coromandel est, comme au Bengale, un peu plus ancienne puisque dès 1609, les Néerlandais évincèrent les Portugais du poste de traite de Pulicat. Ce dernier port, situé à soixante kilomètres au nord de Madras, devint la capitale du Coromandel hollandais. A l’époque, c’était le seul port fortifié (Fort Gueldria) de la VOC, toutes les autres implantations étant des postes de traite. Les Néerlandais y pratiquèrent le sinistre commerce d’esclaves à destination des plantations agricoles de Batavia.

En 1690, le siège du Coromandel hollandais fut transféré à Nagapattinam (Negapatam à l’époque), port situé beaucoup plus au sud, dans la continuité d’un accord avec le roi Vijaya Nayakkar de Thanjavur qui avait transféré dès 1662, le contrôle de Nagapattinam et de neuf autres villages des Portugais aux Néerlandais.

Cette ville ne tomba dans les mains des Anglais qu’en 1781, consécutivement à deux batailles navales entre les flottes britannique et française. Le fort Vijf Sinnen que les Hollandais y avait bâti ne fut d’aucune utilité.


La fin des ambitions néerlandaises en Inde

La capitale d’un Coromandel hollandais réduit à sa plus simple expression, revint alors à Pulicat avant que la région ne passe définitivement sous contrôle britannique en 1824 après la signature du traité anglo-néerlandais qui mettait fin aux ambitions indiennes des Néerlandais (cession de Cochin et des territoires avoisinants de Malabar et de Bernagore au Bengale).


Epilogue

La côte de Coromandel n’était pas le point d’appui commercial le plus important de la VOC qui était surtout active dans l’archipel indonésien, à Ceylan, en Chine et jusqu’au Japon et plus marginalement en Afrique australe.

Mais la perte définitive de la côte de Coromandel est symptomatique du déclin de la compagnie néerlandaise touchée tout à la fois par une évolution du commerce qui voit le négoce des épices décliner, la compétition anglaise s’affirmer, la corruption se généraliser aussi bien à Batavia qu’à Amsterdam.


Histoire de la Compagnie Néerlandaise des Indes orientales, Coromandel

Les guerres révolutionnaires, l’invasion par la France et la fondation de la République batave précipite la fin de la compagnie néerlandaise des Indes orientales qui est finalement dissoute en 1799, asphyxiée par ses dettes.