Histoire de Pondichéry, Côte de Coromandel

Histoire de Pondichéry

Le nom même de Pondichéry résonne dans la mémoire collective des Français et évoque tout un pan de l’histoire de France et son aventure dans le sous-continent indien. Ville blanche aux rues en échiquier, Pondichéry a donc une très forte puissance évocatrice.


Pondichéry avant l’arrivée des Français

Le port lui-même existe pourtant bien avant l’arrivée des Français, attenant à la ville de Virampatnam et évoqué dès le Ier siècle dans une carte maritime sous le nom de Poduke, réalisée sur la base du récit d’un voyageur inconnu dans son Périple de la mer Erythrée. S’y succèdent d’abord les Grecs et les Romains, suivis plus tard par les marchands arabes, chinois puis européens à commencer par les Portugais, les Danois, les Anglais et les Hollandais.

Mais ce sont les Français qui en 1616 établirent la première loge en Inde de la Compagnie pour les Grandes Indes. Le développement de la présence française à Pondichéry s’accélère avec l’arrivée au pouvoir de Richelieu puis de Colbert qui encouragèrent le commerce vers les Indes. En 1664, Louis XIV créé la Compagnie française pour le commerce avec les Indes orientales.


L’établissement de la Compagnie des Indes à Pondichéry

En 1673, en guerre contre les Hollandais qui remplacent les Portugais sur la Côte de Coromandel, la Compagnie, représenté par son agent François Martin, achète au sultan de Bîjâpur des terres à Poudou Cheri fondant officiellement le comptoir de Pondichéry. Avec l’appui des princes voisins, il développe le commerce sur la côte de Coromandel et, à travers la péninsule, vers la côte de Malabar. Il améliore l’industrie des cotonnades et fait de Pondichéry le siège de la Compagnie, dont il devient le directeur entre 1686 et 1706.

Plan de Pondichéry, Côte de Coromandel

En 1693, durant la Guerre de la Ligue d’Augsbourg, les Hollandais s’emparent de Pondichéry. Les Français la leur rachète en 1699. Il la fortifie dans le plus pur style Vauban, développe l’habitat et le commerce. La ville est alors divisée en deux : la ville blanche européenne et la ville noire indienne.


Vue Pondichéry, Côte de Coromandel

Pondichéry, capitale de l’expansion française en Inde

Après 1726 avec l’arrivée de nouveaux administrateurs, Pierre Lenoir puis Benoist Dumas, la ville prospère en tissant des liens commerciaux étroits avec les courtiers indiens. La Compagnie frappe monnaie (fanons d’argent et billions de cuivre) et rajoute aux comptoirs indiens existants (Mazulipatam, Chandernagor et Calicut) de nouveaux établissements à Yanaon, Mahé et Kârikal.

Pagode, Pondichéry
Rivière de Yanaon, Pondichéry

L’arrivée de Joseph François Dupleix qui a une approche plus personnelle du pouvoir et une vision plus politique que commerciale change sensiblement la situation. Au point que la direction de la Compagnie se voit obligée de lui transmettre des instructions écrites des plus claires :« on ne veut que quelques établissements en petit nombre pour aider et protéger le commerce. Point de victoires, point de conquêtes, beaucoup de marchandise et quelque augmentation de dividende. »


Palais du gouvernement, Pondichéry

Le conflit avec la Compagnie anglaise des Indes orientales se généralise et Dupleix fait de Pondichéry sa capitale d’un protectorat de fait. Il s’empare de Madras, défend Pondichéry avec succès, restitue Madras, destitue le nabab de Carnate, bref, s’engage pleinement dans les affaires politiques intérieures indiennes (largement dominées par les luttes d’influence que se mènent les états européens). A son départ en 1754, Pondichéry est une cité prospère et influente.


Le déclin de Pondichéry

Son remplacement par Chales Godeheu puis le comte de Lahy marque le début du déclin marqué par les épidémies (variole), des opérations militaires infructueuses, des restitutions de territoires. En 1760, Pondichéry est rasé par les Anglais et ne restent aux Français suite au Traité de Paris que les comptoirs de Chandernagor, Karikâl, Mahé et Yanaon (en sus de Pondichéry).


Pondichéry détruit par les Anglais, Côte de Coromandel

Le déclin de Pondichéry est largement lié au déclin de son influence dans le commerce de l’Océan indien. Occupée plusieurs fois par les Anglais (1793, 1816), Pondichéry se transforme en point d’appui logistique de l’empire colonial français. Avec l’indépendance de l’Inde en 1948, la pression pour la restitution des territoires français d’Inde se fait plus forte. Pondichéry est le dernier territoire rétrocédé à l’Inde en 1956.