Fils cadet d’un fermier général devenu commissaire de la Compagnie des Indes orientales, Joseph François Dupleix est né le 1er janvier 1697 à Landrecies dans le Nord. Rentré au service de la Compagnie comme membre du Conseil supérieur de Pondichéry grâce aux relations de son père, il s’embarque de Lorient pour l’Inde en 1721 et arrive sur les côtes de Coromandel en 1722.
Après un début de carrière compliqué à Pondichéry dans un contexte politique confus qui voit Portugais, Hollandais, Anglais et Danois se disputer la maîtrise des flux commerciaux avec l’Europe avec en toile de fond le déclin de l’Empire moghol, Dupleix et nommé surintendant des affaires françaises à Chandernagor dans le Bengale qu’il relève de sa ruine.
En 1742, auréolé de son succès à Chandernagor et d’un enrichissement personnel bâtie sur la spéculation, il est nommé gouverneur général à Pondichéry et commandant général des établissements français de l’Inde. L’année précédente, il avait épousé Jeanne Albert de Castro, une métisse portugaise au caractère trempé qui lui sera d’une grande utilité dans ses négociations avec les princes locaux. C’est l’époque où il adopte un style de vie oriental et se rapproche de ces derniers au grand dam des Anglais.
Ses ambitions changent également de nature : commerçant dans l’âme il se transforme en politicien ambitieux qui se mêle des intrigues régionales dans l’optique d’étendre le champ d’influence de la France en Inde. Après la prise de Madras en 1746, par son grand rival Mahé de la Bourdonnais, gouverneur général des Mascareignes, il défend victorieusement Pondichéry assiégé par les Anglais en 1748.
Investissant sa fortune personnelle, il se lance dans une série d’expéditions audacieuses en s’alliant avec des nababs inféodés à l’empereur moghol et devenant nabab lui-même (aristocrate moghol une sorte d’émir). Maître du Carnatic, une région qui comprend le Kerala et le Tamil Nadu contemporain, il tente de s’emparer du Deccan afin d’assurer la mainmise française sur l’Inde du Sud. Mais son employeur, la Compagnie des Indes orientales le rappelle à ses obligations commerciales.
Critiqué pour les coûts associés aux guerres qu’il mène, Dupleix est déchu de son poste de gouverneur de Pondichéry et rappelé en France où il ne cessera de plaider sa cause jusqu’à sa mort en 1763. Au moins a-t-il échappé à la prison que son rival Mahé de la Bourdonnais, critiqué pour les mêmes raisons (aventurisme politique, mauvaise gestion), n’a su éviter.