Siège de l'East India Company à Londres

Histoire de la Compagnie anglaise des Indes orientales


Fondation de la British East India Company

La création de l’East India Company est une réponse au succès des premières expéditions de la VOC néerlandaise. Désireux de se donner les moyens de concurrencer cette dernière, les armateurs londoniens déjà réunis dans une compagnie, la Levant Company fondée en 1581, sollicitèrent de la reine de nouvelles lettres patentes fondant une société commerciale ayant le monopole du commerce avec les régions situées « au-delà du Cap de Bonne-Espérance » : c’est ainsi qu’est fondée en 1600, la Governor and Company of Merchants of London trading into the East Indies.

Les premières expéditions à Java et Sumatra dans les pas des Néerlandais, quoiqu’encore modestes, sont des succès financiers (commerce d’épices). Rapidement, les Anglais diversifient leurs approvisionnements auprès des ports indiens à Surate, Masulipatam et à Patna (cotonnades).


Le développement de la East India Company en Inde

Dans le modèle initial, chaque expédition donnait lieu à un financement spécifique. En 1613, la compagnie se dote de fonds propres et ouvre son capital historiquement concentré dans les mains des marchands et des armateurs à l’aristocratie.

Les relations avec les Néerlandais se compliquent rapidement. Ces derniers détenteurs du monopole du commerce des épices limitent les ambitions anglaises qui établissent cependant des loges dans les colonies néerlandaises de l’archipel indonésiens. Désireux de fiabiliser leurs sources d’approvisionnement, les Anglais commencent à implanter pacifiquement des factoreries en Inde mais également en Chine. En Inde, ces opérations seront rendues possible par la signature d’un traité commercial avec l’empereur Moghol Nur-ud-din Salim Jahangir en 1615 en guise de remerciements pour avoir vaincu les Portugais à la bataille de Swally en 1612.

Les Anglais s’allient avec les Néerlandais pour finir d’évincer le Portugal de l’Inde et récupèrent Bombay placée dans la dot de Catherine de Bragance lors de son mariage avec le roi Charles II. Le développement en Inde se construit progressivement : Surat (1619), Madras (1639) ; en 1647, la Compagnie compte près de 23 établissements en Inde.

En 1670, dans le but de renforcer l’East India Company, le roi Charles II lui accorde le droit de procéder à des acquisitions territoriales autonomes, de battre monnaie, de commander des forteresses et des troupes et de former des alliances, de faire la guerre et la paix, et d’exercer une juridiction civile et pénale sur les régions acquises.


Bombay, East India Company

Des conflits éclatent avec le Moghol en 1689 obligeant les Anglais à reconnaitre son autorité attitude qui leur permet de récupérer Bombay en 1690 (et transférant la suzeraineté de la ville de la Couronne à la Compagnie) et de s’établir à Calcutta, au Bengale.


Lord Clive recevant un traité du Diwan, East India Company

Un modèle économique original

Habiles commerçants, disposant localement d’une grande autonomie, les Anglais prospèrent : « nous préférons toujours un marchant peu expérimenté en navigation à un navigateur peu habitué au commerce. » Ces derniers, en association avec des marchands locaux, développent donc un commerce local en sus du commerce avec la métropole, enrichissant ces Européens respectés des autochtones pour leur rigueur, leur habileté de navigateur et leur armement qui dissuade les pirates. A la fin du XVIIe siècle, deux des gouverneurs de Madras, Thomas Pitt et Elihu Yale (celui qui fonda l’Université du même nom avec sa fortune) rentrèrent à Londres lestés de plus de 200.000 livres sterling de fortune réalisée dans le commerce d’Inde en Inde.

C’est ainsi qu’alors que les Pays-Bas tirèrent profit de la VOC par les profits qu’elle réalisait dans le commerce intercontinental des épices, l’Angleterre s’enrichit par les dividendes (souvent rapatriés sous forme de diamants à l’image du diamant Pitt) rapportés d’Inde et provenant du commerce mené par l’East India Company.


Chantiers naval de la East India Company

A noter que le changement de nature des échanges a également joué un grand rôle dans le déclin de la VOC et le développement de la BEIC : alors qu’au début du siècle le commerce des épices dominait les échanges, épices qui provenaient des établissements néerlandais en Indonésie, celui des soieries et des cotonnades en provenance de la côte de Coromandel et du Bengale devint largement majoritaire à la fin du siècle.


Un XVIIIe siècle marqué par les conflits

Le début du XVIIIe siècle est d’abord marqué par l’arrivée d’une compagnie concurrente anglaise avec l’English Company Trading, rivalité qui ne dura pas longtemps puisque la compagnie fut fusionnée avec l’East India Company en 1707. Victime de son succès, son monopole est régulièrement contesté en Angleterre mais les menaces françaises et néerlandaises encouragèrent la Couronne à maintenir le monopole afin de renforcer la capacité de la Compagnie a affronter la compétition.

En 1757, la victoire de Plassey à l’issue de la guerre de Sept Ans met fin aux ambitions françaises en Inde et assure la suprématie de la British East India company sur la péninsule indienne en lui offrant le contrôle du Bengale aux dépens du nabab du Bengale Siradj al-Dawla.


Bataille de Plassey, Inde, East India Company

En 1764, la victoire lors de la bataille de Buxar, force l’empereur moghol à désigner la Compagnie comme le « diwan » du Bengale, du Bihar et de l’Orissa. Les guerres anglo-mysore (1766-1799) à partir de Madras et anglo-maratha (1772-1818) à partir de Bombay permettent à la Compagnie d’étendre son influence sur l’ensemble du territoire indien.


Bataille du Gujarat contre l'empire Sikh, East India Company

Cette influence s’exerçait sous deux formes : le contrôle direct de certains territoires (Madras, Bombay, etc.) ou le contrôle indirect par la mise en place d’États indigènes, véritables « principautés », dirigées par des maharajas hindous ou des nawabs musulmans. Ces derniers se voyaient garantir l’indépendance leur royaume en échange d’une délégation de leur politique étrangère à l’Angleterre.


La fin de la British East India Company

La fin du XVIIIe siècle voit la Compagnie devoir renoncer progressivement à son rôle politique au profit de la Couronne. En 1773, un gouverneur général est nommé pour le territoire des Indes britanniques tandis qu’une loi de 1784 sépare officiellement administration des territoires qui revient à la Couronne et l’activité commerciale qui reste le monopole de la Compagnie.

En 1813, elle perd son monopole commercial et en 1858 elle perd ses dernières fonctions administratives en 1858 suite à la révolte des Cipayes.

Finalement le 1er janvier 1874, la Compagnie des Indes orientales est dissoute par le parlement et le vote de l’East India Stock Dividend Redemption Act.