Mahabharata, poème épique indien

Le Mahābhārata

Le Mahābhārata, en sanskrit महाभारत qui signifie « La Grande Guerre des Bhārata », est un poème épique, un des textes les plus sacrés de l’hindouisme avec le Ramayana. Il est accessoirement considéré comme le plus long poème épique jamais écrit.

Il relate la « grande geste » des Bhārata, une grande saga contant des faits guerriers remontant à la fin du premier millénaire de l’ère chrétienne qui voit s’affronter pour la domination du pays des Arya au Nord du Gange, les Pandava, fils du roi Pandu, et leurs cousins, les Kaurava, fils du roi Dhritarashtra, le frère aîné et aveugle de Pandu, tous de la caste des guerriers, les Kshatriya. L’événement majeur du texte est l’apparition de Krishna (Krisna), le huitième avatar de Vishnou.

Il est structuré en 18 chapitres, chiffre que l’on retrouvera dans toute l’épopée.
1. Adiparvan (आदिपर्वन्) - Le Livre des commencements
2. Sabhaparvan (सभापर्वन्) - Le Livre de l’assemblée
3. Aranyakaparvan (अरण्यकपर्वन्) - Le Livre de la forêt
4. Virataparvan (विराटपर्वन्) - Le Livre de Virata
5. Udyogaparvan (उद्योगपर्वन्) - Le Livre des préparatifs
6. Bhishmaparvan (भीष्मपर्वन्) - Le Livre de Bhisma
7. Dronaparvan (द्रोणपर्वन्) - Le Livre de Drona
8. Karnaparvan (कर्णपर्वन्) - Le Livre de Karna
9. Shalyaparvan (शल्यपर्वन्) - Le Livre de Shalya
10. Sauptikaparvan (सौप्तिकपर्वन्) - Le Livre de l’attaque nocturne
11. Striparvan (स्त्रीपर्वन्) - Le Livre des femmes
12. Shantiparvan (शांतिपर्वन्) - Le Livre de l’apaisement
13. Anushasanaparvan (अनुशासनपर्वन्) - Le Livre de l’enseignement
14. Ashvamedhikaparvan (अश्वमेधिकापर्वन्) - Le Livre du sacrifice royal
15. Ashramavasikaparvan (आश्रम्वासिकापर्वन्) - Le Livre du séjour en forêt
16. Mausalaparvan (मौसलपर्वन्) - Le Livre des pilons
17. Mahaprasthanikaparvan (महाप्रस्थानिकपर्वन्) - Le Livre du grand départ
18. Svargarohanaparvan (स्वर्गारोहणपर्वन्) - Le Livre de la montée au paradis

Au commencement...

Le récit du Mahābhārata commence par l’histoire du roi Shantanu, tombé amoureux d’une femme mystérieuse nommée Ganga, avatar de la déesse du fleuve Gange avec qui il a un fils nommé Devavrata, qui plus tard deviendra un grand guerrier sous le nom de Bhishma. Ce dernier prête serment de ne jamais se marier ni de revendiquer le trône pour lui-même ; cette exigence venait du père de Satyavati, qui épousa Shantanu et voulait réserver le trône pour les enfants de sa fille, Chitrangada et Vichitravirya.

A la mort de Shantanu, son fils Chitrangada lui succéda et à sa mort de ce dernier, son frère Vichitravirya prit la relève. Désireux de trouver une épouse à son neveu, Bhrishma enlève trois princesses, dont deux (Ambika et Ambalika) épouseront Vichitravirya tandis que la troisième, l’aînée prénommée Amba refuse et finit après quelques péripéties à devenir l’ennemie jurée de Bhrishma… dont elle causera la perte lors de la bataille de Kurukshetra avec l’aide Arjuna.

Pandava vs. Kaurava

A la mort sans héritier de Vichitravirya, sa mère demande au sage Vyāsa d’engendrer des enfants pour les deux veuves de son fils. Ambika donnera naissance à Dhritarashtra aveugle de naissance tandis qu’Ambelika donnera naissance à Pandu, pâle et de santé fragile. Satyavati demande alors au sage Vyāsa d’enfanter un autre enfant plus robuste… mais les deux sœurs refusent en envoient une servante à leur place qui donnera naissance à Vidura, de santé robuste et d’une immense sagesse. Mais sa naissance roturière le subordonnera toujours à l’autorité de ses frères.

Dhritarashtra épouse Gandhari, princesse du Gandhara, qui se bande les yeux pour partager la souffrance de son mari. Ensemble, ils ont cent fils, les cent frères Kaurava, tous nés après la naissance de Yudhisthira, le premier Pandava.

Dhritarashtra devait devenir roi mais doit renoncer au profit de son frère du fait de sa cécité. Pandu entre temps a épousé Kunti et Madri. Il abdique rapidement au profit de son frère, après une malédiction qui lui promet la mort s’il enfante. Son épouse Kunti contourne le problème en profitant d’un karma demandant à trois divinités (Dharma, Vayu et Indra) de lui donner des fils (Yudhishthira, Bhima et Arjuna) et en fait profiter Madri qui aura des jumeaux (Nakula et Sahadeva) : les cinq Pandava ie. les « fils de Pandu ».

Mariage des Pandava avec Draupadi

S’ensuit une longue lutte dynastique entre les deux familles, le roi Dhritarashtra refusant de transmettre le royaume à Yudhishthira, l’aîné de son frère entre temps décédé.

Les Kaurava pour se débarasser des Pandava leur offrent un palais hautement inflammable. Mais informés par Vidura, les Kaurava arrivent à sortir indemnes de l’incendie et partent se cacher. C’est à cette époque que Arjuna réussit l’épreuve qui lui donne le droit d’épouser Draupadi, la princesse du royaume de Pāñcāla. Il la ramène à sa mère qui ne regardant pas ce que ramène Arjuna demande à son fils de la partager avec ses frères : Draupadi deviendra ainsi l’épouse unique des cinq frères.

Quand les royaumes se jouent aux dés…

Les Pandava, forts de leur alliance avec le royaume de Pāñcāla, négocient pour Yudhishthira une partie du royaume des Kaurava et font d’Indraprastha leur capitale. Mais ni les Pandava ni les Kaurava ne sont réellement satisfaits par cet arrangement. Peu après, Arjuna quitte le royaume et épouse la sœur de Krishna, Subhadra.

Le conflit entre les deux familles reprend de plus belle lorsque Duryodhana, trompé par une illusion d’optique, tombe dans une étendue d’eau et est humilié par les moqueries de Draupadi. Pour se venger, Shakuni, l’oncle de Duryodhana organise une partie de dé avec le roi Yudhishthira. Mais les dés sont pipés et Yudhishthira perd sa fortune, son royaume et même ses frères et son épouse. L’honneur de Draupadi ne sera sauvé que par Krishna qui intervient.

S’ensuit une négociation arbitrée (encore) par une partie de dé perdue par Dhritarashtra : les Kaurava sont condamnés à douze années d’exil suivi d’une treizième pendant laquelle ils devront restés cachés s’ils ne veulent pas être exilés douze années de plus.

La fin de l’exil

Le temps passe et les Pandava reviennent discrètement sous des déguisements à la cour de Virata. Le dernier jour de la treizième année, les Trigarta et les Kaurava attaque le roi Virata. Ce dernier, parti avec quatre des cinq frères pour combattre les Trigarta chez eux, avait laissé Arjuna défendre sa capitale. Ce qu’il fit brillamment mais qui l’obligea du coup à se révéler.

Sur cette base, les Kaurava refusèrent le retour des Pandava précipitant l’affrontement final entre les deux familles.

La bataille de Kurukshetra

Les deux familles et leurs alliés s’affrontent à la bataille à Kurukshetra. Krishna assiste à la bataille mais sans combattre, en tant que cocher d’Arjuna. C’est Krishna qui rappellera à Arjuna son devoir de combattre quand ce dernier hésitera à affronter son grand-père Bhishma.

Le début de la bataille se fait dans les règles de l’art avant dégénérer en un combat sauvage et fratricide dont ne survivent que quelques héros dont Krishna. Gandhari, qui a perdu tous ses fils, maudit Krishna pour ne pas avoir arrêté la guerre.

La montée au ciel

Après trente-six ans de règne (deux fois dix-huit) et la mort de Krishna, les Pandava renoncent à tout et partent pour l’Himalaya monter au ciel sous leur forme corporelle accompagnés par un chien. Tous (Draupadi, Nakula, Sahadeva Bhima et Arjuna) échouent sauf Yudhishthira le sage et le chien qui se révèle être le dieu Yama réincarné. Yama va ainsi accompagner Yudhishthira pour voir ses frères et sa femme dans le monde souterrain où ils devront rester avant d’accéder au ciel.

Le Mahābhārata indique que les Pandava et les fils de Dhritarashtra finirent par achever leur ascension vers le svarga et « atteignirent l’état de divinités » puis se réunirent, « sereins et libérés de toute colère ».

La mort de Krishna marque aussi, dans la cosmogonie hindoue, le début de l’ère de Kali Yuga, quatrième et dernier âge de l’humanité, où les grandes idées et les valeurs nobles se sont effondrées et où l’humanité s’achemine vers la dissolution complète des actions justes, de la morale et de la vertu.

Culture

Chromo Liebig, Mahābhārata

1. Les noces de Draupadi
Le plus grand poème épique de l’Inde, gigantesque épopée, est le Mahâbbârata de Krishna-Dwaipâyna, plus communément appelé Véda-Vyâsa, c’est-à-dire le compilateur et l’ordonnateur des Védas. Ce poème, mine inépuisable ou la littérature postérieure n’a cessé de puiser à pleines mains, date d’environ mille ans avant J.C. et chante la lutte entre deux tribus sœurs mais ennemies ; il est composé du nombre prodigieux de 220.000 vers.
La dynastie des Bhâratas dans l’Inde antique se divisait en deux branches, les Kourous et les Pandous. Des cinq princes Pandous, l’aîné Youdhichlira, et son frère Ardchouna, étaient de grands héros. Lors d’un concours de tir à l’arc, Ardchouna remporta la victoire. Comme prix, il obtint en mariage la belle Draupadi. Mais les princes aimant tous les cinq la charmante princesse, elle devint, d’après l’usage de ce temps, leur épouse commune. La noce fut célébrée avec éclat, en observant l’antique coutume d’après laquelle Draupadi fit avec chacun des frères le tour de l’âtre.

Chromo Liebig, Mahābhārata

2. La marmite miraculeuse
Le bonheur des frères Pandous éveilla la colère du Kourou Duryôdhana. Il les provoqua au jeu de dés. Les perdants auraient à vivre pendant 13 ans exilés dans la forêt. Les Pandous perdirent la partie et durent, aux lamentations du peuple, se rendre en exil, accompagnés de Draupadi. Là ils coururent de grands dangers et eurent maintes aventures. Lorsque Youdhichtira s’inquiéta de la façon de nourrir les siens, le dieu du soleil lui fit présent d’une marmite en cuivre, qui dans les mains de Draupadi se remplit successivement de tous les mets désirés.

Chromo Liebig, Mahābhārata

3. Conseil de guerre chez les Kourous
Les 13 ans d’exil écoulés, les frères Pandous envoyèrent une ambassade à la cour des Kourous ennemis pour demander la paix. Chez les Kourous, le vieillard Bhisma fut d’avis de se réconcilier, mais Duryôdhana, possédé du désir de dominer, rêvait d’une nouvelle lutte. La vielle mère Kounti recommanda également de s’accorder, mais ses prières restèrent inexaucées. L’ont partit pour le combat, non sans s’engager à épargner dans la lutte les frères Pandous, hormis Adrhouna, auquel une haine mortelle était vouée.

Chromo Liebig, Mahābhārata

4. Les frères en bataille
En grandes troupes, les armées des frères ennemis se ruèrent l’une contre l’autre. Dans la mêlée, le vieillard Bhisma se trouva face à face avec le prince Pandou Shikandia, autrefois née femme. Devant ce personnage peu dangereux, le vieux héros baissa les armes conformément à la parole donnée. Mais caché derrière Shikandia, l’astucieux Ardchouna lança une flèche et Bhisma s’affaissa frappé à mort.

Chromo Liebig, Mahābhārata

5. Le deuil de Dritarâchthra
Le roi aveugle des Kourous, Dritarâchthra, mis fidèlement au courant de toutes les phases du combat, se fit conduire sur le champ de bataille, accompagné d’une grande suite. Arrivé là, il se désola sur l’erreur de ses fils ; tous étaient tombés sur le champ de bataille. Il embrassa les Pandous vainqueurs et l’on entonna la plainte funèbre. Unies dans une même douleur, les mères de deux familles s’accueillirent et à la lueur des bûchers composés de bois odorants et destinés à transformer en cendres les corps des guerriers tombés, une paix à perpétuité fut conclue.

Chromo Liebig, Mahābhārata

6. Le pèlerinage au Gange
Après avoir vécu paisiblement et heureusement durant toute une série d’années, les frères Pandous se rendirent dans les régions montagneuses de l’Himavat. Habillés en pénitents, longuement et silencieusement ils pérégrinèrent par monts et par forêts. Alors Draupadi s’affaissa la première et mourut d’exténuation. Les autres continuèrent leur pèlerinage et aboutirent au Gange, fleuve sacré dont les ondres possèdent aux yeux des Hindous une vertu purifiante, où ils trouvèrent leur fin en une béate dissolution.