Saint Thomas, apôtre de l'Inde

L’héritage de Saint Thomas en Inde

L’Inde aurait donc été de facto christianisé avant même bon nombre de pays européens. A noter que cette christianisation serait aussi liée aux échanges commerciaux et culturels avec le Proche-Orient via des églises syriaques ou araméennes.

De nos jours, plusieurs Églises orientales existent toujours en Inde. Leur histoire est très mouvementée avec de nombreuses scissions et recompositions. A l’origine, cette ancienne Église de Malabar était sous la juridiction du catholicosat de Séleucie-Ctésiphon qui dépendait du « patriarcat d’Antioche et de tout l’Orient » avant qu'il ne s'en sépare en adoptant tardivement le nestorianisme.

Après le schisme nestorien qui brisa l’unité de l’Église syrienne, l’Église de Malabar se divisa en Syriaque occidentale pour les orthodoxes antiochiens et Syriaque orientale (assyro-chaldéenne). Ces deux traditions célèbrent, pour leurs liturgies, selon deux variantes (occidentale ou orientale) d'une même langue : le syriaque, un des dialectes de l'araméen, la langue parlée par le Christ. Le chef de l'Église locale, qui avait une grande autonomie, était un métropolite de l'Église de l'Orient depuis au moins le VIIIe siècle. Il occupait la dixième place dans la hiérarchie de l'Église et portait le titre de Métropolite de toute l'Inde. Mais comme les métropolites ne parlaient généralement pas la langue locale, le pouvoir était en fait entre les mains d'un prêtre indien qui portait le titre d'Archidiacre et Porte de toute l'Inde. C'était lui le véritable chef civil et religieux de la communauté.

L’arrivée des Portugais au début du XVIe siècle qui s'assurèrent de l’estime du roi hindou de Cochin, changea la situation. Les Portugais en effet firent pression pour imposer aux églises locales une union avec Rome sémant trouble et division. Il s’agissait de ramener ces chrétiens atypiques, potentiellement hérétiques, au sein de l’Église catholique-romaine. Cette romanisation s’accompagna d’une latinisation des usages et un rattachement au diocèse de Goa. Mais les deux églises autocéphales syriennes occidentale (orthodoxe) et orientale (assyro-chaldéenne) résistèrent, refusant la latinisation. Ces chrétiens fuyèrent les ports et les persécutions des catholiques romains pour élire un patriarche jacobite et reconstituer l’Église syro-jacobite du Malabar. Outre les églises de traditions orientales, les catholiques indiens pratiquent de fait selon trois rites liturgiques : le rite latin, majoritaire, le rite syro-malabare et le rite syro-malankare.