« Voix du tam-tam ! Tam-tam du Gandoun, tam-tam de Gambie et tam-tam de la rive adverse, Elle dit : paix ! et proclame ton nom. Voici le message fidèle. »
Senghor le Poète
S'il avait dû choisir, Léopold Sedar Senghor, disait que de sa triple vie d'homme politique, de professeur et de poète, il aurait sauvé ses poèmes. « C'est là l'essentiel », ajoutait-il.
La poésie, « forme la plus accomplie » de la culture. La culture, « fondement et but ultime de la politique ». Ses poèmes et écrits étaient en français, langue dont il savait « les ressources, pour l'avoir goûtée, mâchée, enseignée ». « Chez nous, les mots sont naturellement nimbés d'un halo de sève et de sang; les mots du français rayonnent de mille feux, comme des diamants ». Par cette phrase, il donnait une clé de son oeuvre, métissage de la négritude et de la francophonie. A 17 ans, Senghor compose ses premiers poèmes, sous influences de Victor Hugo, Lamartine et Chateaubriand. En 1932, avec Aimé Césaire, il invente le concept de de la négritude, parce que, dit-il, « nous sommes des métis culturels, parce que, si nous sentons en nègres, nous nous exprimons en français (.) Nous sommes des lamantins qui, selon le mythe africain, vont boire à la source comme jadis lorsqu'ils étaient quadrupèdes ou hommes ».
Senghor se révèle en 1945 avec un premier recueil, « Chants d'ombre », une poésie lyrique où s'expriment la solitude de l'exilé et « le regret du Pays noir », l'amour et la beauté de la femme. « Nuit d'Afrique, ma nuit noire mystique et claire, noire et brillante O ma lionne, ma beauté noire, ma nuit noire, ma noire nue ». En 1948, « Hosties noires » raconte le combat les tirailleurs sénégalais morts pour la France.
« Moi le Maître-de-langue, ma tâche est d'éveiller mon peuple aux futurs flamboyants, ma joie de créer des images pour le nourrir, ô lumières rythmées de la Parole ! ». Senghor a su fonder un langage conforme à sa situation d'Africain francophone imprégné de plusieurs cultures, un langage où parole, chant et musique s'identifient, et où l'image analogique surgit « sous l'effet du rythme ».
Oeuvres poétiques de Léopold Sedar Senghor
Chants d'ombre, éd. du Seuil, 1945
Hosties noires, éd. du Seuil, 1948
Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française, précédée de Orphée noir par Jean-Paul Sartre, éd. PUF, 1948
Chants pour Naëtt, éd. du Seuil, 1949
Ethiopiques, éd. du Seuil, 1956
Nocturnes, éd. du Seuil, 1961
Lettres d'hivernage, éd. du Seuil, 1973
Élégies majeures, éd. du Seuil, 1979
La Poésie de l'action, dialogue, éd. Stock, 1980
Oeuvre poétique (complète), éd. du Seuil, 1990
La poésie de Senghor sur le Net
Mots pluriels Les relations entre la poésie de L.S. Senghor et la sculpture
Assemblée nationale
Un dossier consacré à Léopold Sedar Senghor écrivain et homme politique
INA
De nombreux films d'archives à l'image de cette interview par Bernard Pivot