Au gouverneur Eboué (Hosties noires)
L'Aigle
blanc a glapi sur la mer sur les Isles, comme le cri blanc du soleil avant
midi.
Le
Lion a répondu, le prince de la brousse qui soulève la torpeur
lâche de midi.
Ebou-é
! Et tu es la pierre sur quoi se bâtit le temple et l'espoir
Et
ton nom signifie « la pierre » et tu n'es plus Félix
; je dis Pierre Eboué.
Les
jeunes dieux de proie se sont dessés, ils lancent leurs yeux sillonnés
d'éclairs
Ils
ont lancé devant eux l'ouragan et les faucons planant sur les hordes
de fer
Et
toute la terre trembla au loin sous la charge massive de l'orgueil.
Ebou-é
! tu es le Lion au cri bref, le Lion qui est debout et qui dit non !
Le
Lion noir aux yeux de voyance, le Lion noir à la crinière
d'honneur
Tel
un Askia du Songhoï, Gouverneur au panache de sourire.
Tu
es la fierté simple de l'Afrique mienne, la fierté d'une
terre vidée de ses fils.
Vendus
à l'encan moins cher que harengs, et il ne lui reste que son honneur
Et
trois siècles de sueur n'ont pu soumettre ton échine.
Ebou-é
! tu es pierre qui amasse mousse, parce que tu es stable et que tu es debout.
Mille
peuples et mille langues ont pris langue avec ta foi rouge
Voilà
que le feu qui te consume embrase le désert et la brousse
Voilà
que l'Afrique se dresse, la Noire et la Brune sa sour.
L'Afrique
s'est faite acier blanc, l'Afrique s'est faite hostie noire
Pour
que vive l'espoir de l'homme. |