Cap sur le Monde
interview de Jean-Christophe Loubet del Bayle

 Jean-Christophe
 Janvier 2004
Interview

Pourquoi lancer Cap Mag en vous auto-interviewant (et en plus en vous vouvoyant) ?

Jean-Christophe et son Lama, Pérou, 2003

Le vouvoiement d’abord : c’est juste que ça sonne bizarre d’utiliser le tutoiement dans une interview. En plus, cela met le lecteur dans une position inconfortable car il a l’impression de s’immiscer dans la conversation entre deux amis.

Ensuite, l’intérêt de commencer par s’interviewer soi-même, c’est qu’à l’avenir je n’aurai plus à expliquer ma démarche. Il suffira de lire cette interview.

Quelle est la genèse de Cap sur le Monde ?

A l’origine, Cap sur le Monde a été le site fédérateur de mes sites carnets de voyage autrefois dispersés sur le net. Puis, j’ai enrichi le contenu de ce dernier pour lui donner une identité propre avec une collection de citations sur le voyage et surtout des affiches PLM. Ces affiches évoquent pour moi l’évasion, l’envie de partir au loin, l’exotisme colonial aussi...

Maintenant, Cap est désormais un portail de voyage. Un site que les gens qui voudraient voyager iraient visiter pour se chercher un lieu destination. D’un autre côté, ce n’est pas un vrai portail car il n’y a pas de pub ! Je voudrais aussi en faire un site sur les sites de voyage. Parler non pas du voyage lui-même mais de la manière de le raconter, le site internet n’étant que la version contemporaine du carnet de voyage.

“L’envie de fixer un peu les souvenirs du voyage, d’éviter d’oublier les noms de lieux, l’occasion de faire le point et aussi aussi de faire partager un moment fort de mon existence.”

Jean-Christophe, 2004

Justement, pourquoi faites-vous des sites de voyage ?

Cela relève du même processus que la réalisation d’un album de voyage en rentrant chez soi. L’envie de fixer un peu les souvenirs du voyage, d’éviter d’oublier les noms de lieux (en général, je ne retiens rien), l’occasion de faire le point et aussi aussi de faire partager un moment fort de mon existence. Car qu’on ne s’y trompe pas, voyager est pour moi quelque chose de très fort. Enfant, en rentrant de voyage, je faisais déjà des petits carnets que je créais à partir de photos collés et que je feuilletais à mes moments perdus.

Mes sites ne sont pas des guides. Certains ne présentent même pas l’itinéraire suivi. Ce sont des compilations de photos et d’éléments qui m’ont marqué avant ou pendant le voyage. Ceci explique la présence dans mes carnets de nombreuses rubriques ‘culturelles’ liées au pays, mais pas vraiment au voyage. J’aime ainsi beaucoup mon site sur la Casamance avec ses petits dossiers sur Kirikou, Léopold Sédar Senghor ou encore les Tirailleurs sénégalais et Touré Kunda.

Mais il faut que je fasse attention : maintenant quand je pars en vacances, j’ai tendance à anticiper ce que je vais mettre dans le site. Cet été, j’avais ainsi pris avec moi mon exemplaire du Temple du Soleil en partant au Pérou. Idem pour les photos : j’en prends en sachant quel usage je vais en faire dans le site (typiquement, photographier des crottes de lamas car il y aura une rubrique consacrée à cet animal dans le site !).

Vous recevez beaucoup de courrier par vos sites ?

Pas mal en effet. En général, il s’agit de personnes qui me demandent des conseils pratiques. Or pour tout ce qui est logistique, je leur suis en général parfaitement inutile : je passe à peu près toujours par un tour opérator (UCPA en général) et ne me préoccupe pas de la logistique. En revanche, je peux toujours aider les gens quand ils me posent des questions sur les sites à visiter.

En général, les gens qui font des sites de voyage, sont de grands baroudeurs. Vous, vous passez par un tour operator ?

Ben. oui. C’est plus confortable. Le problème avec les voyages que l’on fait seul, c’est qu’ils sont peu optimisés. Ce qui fait d’ailleurs leur charme. Quand on a peu de vacances, on a envie de profiter le plus possible du peu de temps qu’on a dans le pays. Avec un guide, on n’est pas tributaire (ou moins) des horaires de transports en commun. Parfois (c’était le cas au Kenya), on ne peut voir des choses que parce qu’on a un guide. Et puis finalement, cela correspond à mon tempérament : je crois que je suis un peu paresseux et j’apprécie de me laisser guider (quand c’est bien fait).

Autre dimension non négligeable : dans ces voyages en groupe, le groupe est tout aussi important que le voyage lui-même. On rencontre des gens que l’on n’aurait jamais rencontré autrement. C’est sympa aussi.

Créer un site, c’est facile ?

Oui et non. C’est une question d’habitude. Si je compare le premier site de voyage (Madagascar) avec le dernier (Pérou), je constate que j’ai fait quelques progrès. Mais l’esprit n’a pas changé. Et j’ai toujours une grande affection pour le site malgache aussi maladroit soit-il.

J’aime bien quand je créé un site de voyage réfléchir au code couleur ou au choix de la typographie utilisée. C’est ce qui va donner son identité au site. Pour les site jumeaux Kenya et Zanzibar, j’avais ainsi repris la même structure en changeant les couleurs pour reprendre les couleurs des drapeaux nationaux. Le vert domine dans le site consacré à Bali, le orange dans le site consacré au Sénégal.

Une évolution majeure entre le premier et le dernier site : la taille des photos qui tend à croître ; de plus en plus de personnes ont en effet du haut débit et moi, depuis que j’utilise un appareil photo numérique, je peux obtenir des photos de meilleure qualité à l’écran. Ceci explique aussi pourquoi j’ai ouvert une rubrique Fonds d’écran sur Cap avec les photos du Pérou.

Coté visites, que donnent vos sites ?

Ce sont les sites de capitales européennes (Copenhague, Lisbonne) qui génèrent le plus de trafic. Pourtant, ce sont des sites relativement légers. Dans les grands sites, le site sur les volcans du Michoacan a pas mal de succès, suivi par celui sur le désert du Sinai, les rizières de Bali et le désert du Sahara qui reçoivent plus de 10.000 visiteurs par an. Je suis un peu déçu par les performances de mes sites d’Afrique noire (Sénégal et Kenya-Zanzibar) qui sont pourtant d’excellente facture.

Vous avez un second portail de voyages, Objectif Terre. Comment se positionne-t-il par rapport à Cap sur le Monde ?

Cap regroupe des sites qui sont parfaitement autonomes les uns par rapport aux autres. Souvent d’ailleurs, ils commencent leur vie avec une URL spécifique (afin de faciliter leur référencement dans les annuaires). Objectif Terre doit être plus vu comme un grand album photo avec très peu de commentaires et tous mes voyages mis en perspective.

On y trouve également des voyages que j’ai fait avant de faire des sites de voyage ; en particulier ceux que j’ai fait quand j’étais coopérant au Liban voire des voyages que j’ai fait avec mes parents quand j’étais gamin.

Dernière particularité : il est illustré par des dessins de Tintin. Tintin évoque pour moi, au même titre que les affiches PLM, les voyages et l’exotisme.

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Photos en vrac

Cap sur le Monde, 2004

Cap sur le Monde
par Jean-Christophe Loubet del Bayle, Janvier 2004
www.capsurlemonde.org

Machu Picchu, Pérou, 2003

Machu Picchu, Pérou, 2003

Gorée, Dakar, Sénégal, 2002

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Bali, Indonésie, 2001

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Damas, Syrie, 1996

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Séoul, Corée du Sud, 1992

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Objectif Terre

Objectif Terre
www.objectifterre.org