Karité & Civilisation africaine
Comme
la culture de lolivier sur le pourtour méditerrannéen,
la culture du karité (qui en Dioula signifie vie)
est partie prenante de la civilisation dAfrique de lOuest.
Des bébés frictionnés au beurre de karité
jusquau lit du roi défunt spécialement taillé
dans la noblesse du tronc de larbre de karité, la vie
du village est rythmée par larbre sacré. Tout
comme la vie de la femme qui sorganise autour de la collecte
et de la préparation des fruits de juin à décembre.
Cette précieuse cueillette va servir toute lannée
tant pour les soins de la famille que pour les besoins en matières
grasses de lalimentation.
Production du beurre de karité
En Afrique de lOuest, les fruits de karité sont ramassés
entre mi-juin et mi-septembre. Une fois débarassé
de la pulpe, on récuperre la noix dont on récupèrera
lamande. Cest cette amande qui, une fois lavée et séchée
avec soin, est achetée aux femmes dans les villages ou
transformée sur place.
Lamande est alors concassée, torréfiée,
moulue jusquà obtenir une pâte épaisse
qui mélangée à de leau sera vigoureusement
baratée. Limmersion dans leau bouillante va permettre
de séparer le beurre des autres composants de lamande,
notamment les impuretés qui se déposent au fond
du récipient.
Une fois retiré, le beurre qui flottait en surface est
malaxé avant dêtre cuit longuement afin de permettre
à leau de sévaporer et aux impuretés
de se déposer. Lhuile (en fait le beurre liquide) ainsi
obtenue sera filtrée avant dêtre conditionnée.
Karité & développement de la femme
Le
beurre de karité, que lon surnomme parfois lor
des femmes car la récolte et lextraction du karité
sont surtout effectuées par les femmes des zones rurales.
Les revenus du karité vont directement aux villageois
les plus pauvres. Cest rarement le cas des exportations de
pays en développement. Même lorsque leurs cours
ne se sont pas effondrés sur les marchés mondiaux,
le café, le cacao, le coton, le cuivre et les autres
produits de base génèrent des recettes à
lexportation qui profitent surtout aux gouvernements, aux entreprises
et aux intermédiaires, ainsi quà quelques producteurs
- des hommes pour la plupart - qui sont rarement parmi les plus
pauvres.
En visitant des projets de production de beurre de karité
au Burkina Faso au mois de février 2001, Mme Noleen Heyzer,
Directrice générale du Fonds de développement
des Nations Unies (UNIFEM) pour les femmes, a rappelé
quil fallait délibérément lutter contre
la tendance du marché mondial à marginaliser davantage
les pauvres. Notre appui aux productrices de beurre de
karité, a-t-elle déclaré aux journalistes
locaux, témoigne de notre volonté de faciliter
laccès des femmes aux marchés mondiaux et de
contrecarrer les grandes tendances de la mondialisation, afin
daider les femmes et les pauvres.
Songtaab - Yarglé
Songtaab - Yarglé (communément appelé
Songtaaba qui signifie sentraideren langage mooré)
est né de la volonté de faire quelque chose
en faveur des femmes. Le groupement féminin a commencé
ses activités avec la production de savon en 1992. Par
la suite, elle décida de sinvestir dans la production
du beurre de karité en sappuyant sur les connaissances
des propres mères de ces femmes. Ces dernières
en effet, savaient produire du beurre de karité avec
des techniques ancestrales.
Les femmes sont donc allées apprendre à
fabriquer le beurre en commençant même par ramasser
elles-mêmes les noix de karité non exploitées
dans les villages environnants de Ouagadougou.
Le temps est passé et le projet beurre de karité
de Songtaaba regroupe 11 villages et permet à plus de
3100 femmes (1100 dans la filière biologique, 2000 dans
la filière conventionnelle) de gagner un revenu significatif
dont le montant est immédiatement réinvesti dans
lamélioration des conditions de vie.
Les photos présentées ci-après montre les
différentes étapes de fabrication du beurre de
karité traditionnel (avec déjà quelques
améliorations comme lutilisation de concasseuses mécaniques).
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