Tcheou
Ta-Kouan, un voyageur chinois en ambassade
Au début
des années vingt, le jeune archéologue Claude Vannec, en
quête d'une rapide fortune, s'est embarqué pour l'Indochine
dans l'espoir de découvrir et de revendre quelques-un des inestimables
bas-reliefs ornant les temples de l'antique route royale khmère,
aujourd'hui submergée par la jungle. Lorsqu'il rencontre Perken,
il est fasciné par cet aventurier de légende au masque de
proconsul romain, qui professe un total mépris des valeurs établies
et peut être offre à Claude le préfiguration de son
avenir.
Découverte
de la ville murée (Angkor Thom)
« La
muraille de la ville a environ vingt stades de tour. Elle a cinq portes,
et chaque porte est double. Du côté de l'Est s'ouvrent deux
portes; les autres côtés n'ont tous qu'une porte. A l'extérieur
de la muraille est un grand fossé; à l'extérieur du
fossé, les grands ponts des chaussées d'accès.
De chaque côté
des ponts, il y a cinquante-quatre divinités de pierre qui ont l'apparence
de 'généraux de pierre' : ils sont gigantesques et
terribles. Les cinq portes sont semblables.
Les parapets
des ponts sont entièrement en pierre, taillée en forme de
serpents qui ont tous neuf têtes. Les cinquante-quatre divinités
retiennent toutes le serpent avec leurs mains, et ont l'air de l'empêcher
de fuir.
Au dessus
de chaque porte de la muraille, il y a cinq grandes têtes de Bouddha
en pierre, dont les visages sont tournés vers les quatre points
cardinaux: au centre est placée une des cinq têtes qui est
ornée d'or.
Des deux côtés
des portes, on a sculpté la pierre en forme d'éléphants.
La muraille
est entièrement faite de blocs de pierre superposés : elle
est haute d'environ deux toises. L'appareil des pierres est très
serré et solide, et il ne pousse pas d'herbes folles. Il n'y a aucun
créneau.
Sur le rempart,
on a semé en certains endroits des arbres Kouang-lang (arbres à
sagou). De distance en distance sont des chambres vides. Le côté
intérieur de la muraille est comme un glacis large de plus de dix
toises. Au haut de chaque glacis, il y a de grandes portes, fermées
à la nuit, ouvertes au matin. Il y a également des gardiens
des portes. L'entrée des portes n'est interdite qu'aux chiens. La
muraille est un carré très régulier, et sur chaque
côté il y a une tour de pierre. L'entrée des portes
est également interdite aux criminels qui ont eu les orteils coupés.
Au centre
du royaume, il y a une Tour d'or (Bayon), flanquée de plus
de vingt tours de pierre et de plusieurs centaines de chambres de pierre.
Du côté de l'Est est un pont d'or ; deux lions d'or sont disposés
à gauche et à droite du pont; huit Buddha d'or sont disposés
au bas des chambres de pierre.
A environ un
stade au Nord de la Tour d'or, il y a une tour de bronze (Baphuon)
encore plus haute que la Tour d'or et dont la vue est réellement
impressionnante; au pied de la Tour de bronze, il y a également
plus de dix chambres de pierre.
Encore environ
un stade plus au Nord, c'est l'habitation du souverain. Dans ses appartements
de repos, il y a à nouveau une tour d'or. Ce sont, pensons-nous,
ces monuments qui ont motivé cette louange du "Cambodge riche et
noble" que les marchands d'outre-mer ont toujours répétée.
La tour de
pierre est à un demi-stade en dehors de la porte du Sud ; on raconte
que Lou Pan (ancien artisan chinois légendaire) l'érigea
en une nuit. La tombe de Lou Pan (Angkor vat) est à environ
un stade en dehors de la porte du Sud et a à peu près dix
stades de tour ; il y a plusieurs centaines de chambres de pierre.
Le Lac oriental
est à environ dix stades à l'Est de la ville murée,
et à peu près cent stades de tour. Au milieu il ya une tour
de pierre et des chambres de pierre (Mébon Occidental). Dans
la tour est un Bouddha couché en bronze, dont le nombril laisse
continuellement couler de l'eau.
Le lac septentrional
est à cinq stades au Nord de la ville murée. Au milieu il
y a une tour d'or carrée (Neak Pean) et plusieurs dizaines
de chambres de pierre. Pour ce qui est du lion d'or, Bouddha d'or, éléphant
de bronze, beuf de bronze, cheval de bronze, tout cela s'y trouve. »
Mémoires
sur les coutumes du Cambodge de Tcheou Ta-Kouan
|