Stefan
Zweig au Brésil
En
1940, fuyant le désastre de l’Europe, Stefan Zweig s’installe au
Brésil, découvert quelques années plus tôt.
Très vite, ce pays va le fasciner. Par sa beauté et son immensité,
certes ; mais aussi et surtout par la vitalité avec laquelle il
lui semble inventer une nouvelle forme de civilisation.
Indiens, Portugais,
descendants des conquérants, Noirs issus de l’esclavage, Italiens
ou Allemands d’immigration récente : à Rio, à Bahia
ou à São Paolo, l’écrivain autrichien s’enthousiasme
de voir comment des citoyens de toutes races, de toutes confessions, loin
de s’ancrer dans l’identitarisme, entreprennent ensemble de construire
un pays neuf, qui, malgré sa puissance, ne vise à exercer
aucun impérialisme.
Idéalise-t-il
ce pays ? Peut-être. Mais c’est parce qu’il y trouve des raisons
d’espérer. En 1942, au lendemain de la chute de Singapour,
il se donne toutefois la mort à Petropolis, rongé par l’inquiétude
qui l’a toujours habité en laissant cette lettre :
«
Avant
de quitter la vie de ma propre volonté et avec ma lucidité,
j’éprouve le besoin de remplir un dernier devoir : adresser de profonds
remerciements au Brésil, ce merveilleux pays qui m’a procuré,
ainsi qu’à mon travail, un repos si amical et si hospitalier. De
jour en jour, j’ai appris à l’aimer davantage et nulle part ailleurs
je n’aurais préféré édifier une nouvelle existence,
maintenant que le monde de mon langage a disparu pour moi et que ma patrie
spirituelle, l’Europe, s’est détruite elle-même.
Mais à
soixante ans passés il faudrait avoir des forces particulières
pour recommencer sa vie de fond en comble. Et les miennes sont épuisées
par les longues années d’errance. Aussi, je pense qu’il vaut mieux
mettre fin à temps, et la tête haute, à une existence
où le travail intellectuel a toujours été la joie
la plus pure et la liberté individuelle le bien suprême de
ce monde.
Je salue
tous mes amis. Puissent-ils voir encore l’aurore après la longue
nuit ! Moi je suis trop impatient, je pars avant eux. »
Stefan
Zweig, Pétropolis, 22 février 1942
Brésil,
Terre d’avenir
Ce
petit essai est plus qu’une simple invitation au voyage, c’est un véritable
guide – intelligemment touristique. On y apprend l’histoire de ce pays,
sa géographie, son économie, sans s’ennuyer jamais. Car on
découvre ici un Zweig inhabituel, qui se montre aussi habile dans
la description de la réalité du pays dans un style enlevé.
Zweig nous offre aussi ses impressions sur Rio, São Paolo, les villes
de l’or, dont il dépeint les intérêts culturels et
humains avec délice.
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